samedi 29 novembre 2014

[Focus] Ecole de Canterbury 1/2

Après avoir évoqué Kevin Ayers, et insisté sur certains noms gravitant en invités autour de ses albums, il est logique de parler du mouvement musical devenu culte mais toujours difficile à délimiter, l'école de Canterbury auquel il est associé.
Cette école ne correspond ni à une zone géographique particulière, ni à un genre musical, même s'il se rattache au rock progressif dans son acceptation la plus large, auquel je préfère le terme d'Art Rock, comprenant du Rock d'avant garde, psychédélique, aux accents jazz, orchestral et j'en passe. Il est d'ailleurs à noter qu'aucun des groupes rattachés à ce mouvement ne fait vraiment du rock progressif. 
Ce qui rattache les groupes entre eux et une origine commune, le groupe The Wilde Flowers, dont les principaux membres se sont rencontrés sur le campus de Canterbury. On y retrouve notamment, Hugh Hopper (basse), Robert Wyatt (Batterie, voix), Kevin Ayers (voix), Graham Flight (voix), Richard Sinclair (guitare rythmique, voix), Pye Hastings (guitare, voix), David Sinclair (clavier), Richard Coughlan (batterie) et Brian Hopper (Guitare solo, saxophone, voix). Ce groupe n'a pas sorti d'album officiel pendant les 4 ans de son existence (64-67), mais par la suite, ces différents membres fonderont d'autres groupes entre eux ou avec d'autres musiciens, qui a leur tour collaboreront avec d'autres musiciens... créant ainsi un réseau tentaculaire dont l'influence reste sans égale, centré autour de deux formations cultes, Soft Machine et Caravan.

I - Soft Machine
Le premier groupe de cette rétrospective est Soft Machine fondé par  Robert Wyatt et Kevin Ayers auquel se rajoute deux autres membres non présents chez The Wilde Flower : Mike Ratledge (orgue, piano) et Daevid Allen (guitare). Difficile de résumer rapidement ce groupe qui entre 66 et 84 a vu passer en son sein plus de vingt membres d'horizons différents, et qui aura au cours de ses vingt années changé complétement d'orientation musicale. On peut globalement découper la carrière du groupe en deux périodes, la première (66-68/69) où les membres originels proposaient une musique très psychédélique, puis la seconde (69-84) ou, avec le départ successif de Daevid Allen, Kevin Ayers puis Robert Wyatt, a glissé vers le Jazz, avec Third en album charnière, balancé entre ses deux courants.

Période Psychédélique :



Third :


Période Jazz :



Les différents membres de la première version de ce groupe partiront fonder d'autres formations marquées par un même sens de la musique, théâtrale, marqué par l'humour, le dadaïsme et le psychédélisme.

Kevin Ayers s'entoura de son groupe The Whole World, qui verra les premiers pas de David Bedford et de Mike Oldfield, et s'accompagnera de musiciens invités, parfois rattachés à l'école de Canterbury ou non, tel Robert Wyatt, Mike Ratledge ou encore Steve Hillage



Daevid Allen quant à lui, installé en France y fondera Gong, communauté hippie autant que groupe, avec entre autres Didier Malherbe et Gilly Smith. Formation qui connaitra une évolution assez proche de Soft Machine (dont on retrouve certains anciens membres, outre Daevid, avec Steve Hillage ou Allan Holdsworth) débutant dans un rock très psychédélique, marqué par un fort sens de la dérision et de la fête, à un jazz complexe et alambiqué, là encore suite au départ des membres fondateurs. Daevid Allen fera son retour dans la formation à l'aube des années 2000 et nous gratifie depuis de nombreux concerts en France. A noter la fabuleuse trilogie Radio Gnome (73-74) qui se clôture par le magistral You qui apportera une dimension Space Rock à la formation du plus bel effet.



Robert Wyatt créera d'abord Matching Mole en référence à la traduction française de Soft Machine d'où il avait été évincé : Machine Molle. Suite à un grave accident, il fera une carrière solo tout en subtilité et délicatesse avec en point d'orgue le génial Rock Bottom.



A noter que Karl Jenkins, chef de file de la seconde période de Soft Machine à également connu un certains succès en solo, mais dans un genre assez différent :


La suite (Focus sur Caravan et sa descendance) au prochain épisode...

vendredi 28 novembre 2014

Kevin Ayers - Bananamour (1973) Rock


Suite de notre diptyque sur Kevin Ayers.
Bananamour sortit en 1973 est son quatrième album solo. Pour l'occasion, il fait peau neuve, s'entourant d'Archie Legget à la basse et Eddie Sparrow à la batterie en lieu et place de Dave Dufort. C'est au tour de Steve Hillage de remplacer Mike Oldfield à la guitare, ce dernier étant en plein enregistrement de son premier album Tubular Bells. Dave Bedford et Robert Wyatt sont toujours présents.
Si Whatevershebringswesing brillait par sa richesse, mélangeant genres, tons, rythmes... Bananamour se veut plus cohérent. Un rock plus calibré, plus accessible, plus mélodique, laissant moins de place aux expérimentations angoissantes ou psychédéliques. Des chansons (la voix est très présente) rock légères, qui fleure bon les sixties (oui, nous n'y sommes plus...). Ce n'est pas pour autant que Kevin Ayers perd ici de son intérêt, la première face est une franche réussite, c'est accrocheur, enjoué, très mélodique, et l'instrumentation maitrisée et parfaitement pensée. Shouting in a Bucket Blues résume bien ce constat, le duo voix/guitare fait merveille et il est difficile de résister à ce tube en puissance. Interview propose la seule petite incartade vers une musique plus psychédélique.
La seconde face retrouve (un peu) un côté hétéroclite, avec le progressiste et ambitieux Décadence, et son excellent final instrumental qui côtoie le mutin ou la comptine. Mais il faut avouer que sortit de ce premier morceau, cette seconde face perd en intérêt, où une trop grande légèreté de la musique n'arrive pas à être compensé par des mélodies trop simples pour distraire.
Si comme moi, vous louez l'époque 68-73 pour ce vivier créatif extraordinaire qui vu l’émergence d'une scène dynamique et avant-gardiste, Whatevershebringswesing vous apportera plus de plaisir, sinon, ce Bananamour est une bonne porte d'entrée à la musique de Kevin Ayers et donc à l'école de Canterbury et ses nombreuses merveilles. Il réussit à être un excellent album jusqu'à sa sixième chanson, avant de baisser en intérêt.

Musiciens :

Kevin Ayers - Voix, Guitare, Basse, Piano
Archie Legget - Basse, Voix
Eddie Sparrow - Batterie
Mike Ratledge - Orgue
David Bedford - Claviers
Robert Wyatt - Voix


Tracklist :

Face 1
1 - Don't Let It Get You Down
2 - Shouting In A Bucket Blues
3 - When Your Parents Go To Sleep
4 - Interview
5 - Internotional Anthem

Face 2 
6 - Decadence
7 - Oh! Wot A Dream
8 - Hymn
9 - Beware Of The Dog


samedi 22 novembre 2014

Kevin Ayers - Whatevershebringswesing (1971) Rock Prog'/Psychédélique

On ressort de la cave une double ration de Kevin Ayers, avec la compilation regroupant deux albums Whatevershebringswesing et Bananamour, qui a eux deux voient l'intervention de quelques grands noms de la scène prog', déjà bien affirmés ou en devenir. La mode des "guests" existaient déjà à l'époque, mais ici, il s'agit de bien plus que cela, puisqu'on touche à l'école de Canterbury, qui fera l'objet d'un focus sur ce blog dans un avenir proche.

Première partie de cette chronique, nous allons évoquer le cas Whatevershebringswesing. Premièrement, pourquoi ce nom ? Je ne le sais pas ! Ça c'est fait... Au regard de cette formation éclectique, entre membres de Soft Machine, de Gong ou de sa précédente troupe The Whole Word on peut s'attendre à une musique diversifiée, voir chaotique. Et c'est le cas, entre les arrangements déstructurés et angoissants de David Bedford (décidément, on ne rigole pas tout les jours en écoutant sa musique), les mélodies sublimes et apaisantes portées par les guitares de Mike Oldfield ou les flutes et le saxo de Didier Malherbe. Dès le premier morceau, la richesse est à l'honneur, et colle à la personnalité exubérante de Kevin Ayers, comme sur Oh My, chanson très légère, qui fleure bon l'herbe, et que ne renierait pas Gong. Song From The Bottom Of A Well est en totale rupture avec la musique proposée précédemment et s'avère particulièrement sombre voir malsain, porté par une voix grave plus parlée que chantée et par des rythmiques répétitives qui donnent un aspect presque incantatoire à la musique.

Ce gros meltingpot se poursuit sur la face B qui  s'ouvre sur des chœurs et une mélodie gentiment mélancolique. Une balade champêtre où la voix grave de Kevin Ayers se mêle avec harmonie à celle plus sensible de Robert Wyatt. Le solo tout en douceur de Mike Oldfield s'accorde parfaitement à l'ambiance de cette chanson.
Ou encore sur ce Champagne Cowboy Blues, très lent, où Kevin Ayers nous interpelle régulièrement, et semble pour une raison que je vous laisse imaginer assez fatigué, et où la mélodie de Mike Oldfield apporte une tristesse à l'ensemble, et qui est interrompu joyeusement pendant un court moment par une fanfare.

De par ses grandes variétés de ton, d'ambiance, d'instrumentation... cet album est d'une grande richesse, même si certains enchainements peuvent choquer, et rendre l'ensemble assez incohérent. On n'a pas affaire à un album concept, mais juste un assemblage de très bonnes chansons qui nous offre chacune une expérience différente.


Musiciens :

Kevin Ayers - Voix, Guitare, Basse, Piano
Mike Oldfield - Guitare (Solo), Basse
David Bedford - Claviers
Didier Malherbe - Saxophone, Flûte
Dave Dufort - Batterie
Robert Wyatt - Voix

Track List :

Face 1 :
1 - There is loving amons us there is loving
2 - Margaret
3 - Oh My
4 - Song from the bottom of a well

Face 2 :
1 - Whatevershebringswesing
2 - Stranger in blue suede shoes
3 - Champagne cowboy blues
4 - Lullaby

vendredi 21 novembre 2014

David Bedford - Star's End (1974) Musique Orchestrale et Psychédélique


Si David Bedford est connu pour ses collaborations avec des musiciens rock comme Kevin Ayers ou Mike Oldfield, ce dernier jouant dans l'album présenté ici, ce Star's End n'a rien d'un album Rock accompagné d'un orchestre, comme les Queen, Scorpions et autres Metallica ont pu réaliser. On est à la croisée des chemins entre le psychédélisme de la fin des années 60 et la suite des Planètes de Gustav Holst.


L'album s'ouvre sur une introduction tout en dissonance, psychédélique, légèrement angoissante. Le ton est donné. La première face prend le temps de se construire, de faire apparaitre au fur et à mesure ses instruments qui s’additionnent autour d'une structure répétitive où les cuivres omniprésents poussent des plaintes lancinantes et provoquent un certain malaise à l'écoute, le tout rythmé par quelques montées en puissance sous acide. A l'écoute, on ne peut s'empêcher d'avoir les images de 2001, l'Odyssée de l'espace en tête. On ressent cette même sensation d’étouffement et de vertige à la fois devant l'immensité de l'univers, et cette solitude devant l'obscurité cosmique. La musique s'avère assez simple dans sa construction, une introduction, une plage centrale planante qui progresse vers un final soutenu par la guitare cristalline de Mike Oldfield, qui bien qu'agréable, n'apporte pas grand chose à la richesse et l'expressivité des différentes instruments de l'orchestre.

Le seconde face prend un parti légèrement différent et s'avère d'une plus grande profondeur. L'atmosphère reste angoissante, mais le rythme s’accélère, les harmonies laissent place à un désordre apparents, et le compositeur, ou l'auditeur, selon votre optimiste semble plongé dans la folie, comme si le choc du voyage dans l'espace, de l’oppressante solitude lui avait fait perdre la raison. Le calme revient alors, et apaisée, la musique se fait plus douce, susurrante parfois, avec quelques réveils, légers éclats, avant de retomber dans une sorte de léthargie. Et c'est lorsque l'on se le croit à l’abri, que la frénésie des cuivres et des cordes reprend soudainement pour une dernière montée d’adrénaline avant de s'étendre aussi vite. Les instruments semblent alors agoniser dans un quasi silence trompeur avant de venir triompher dans une mélodie superbe pleine de majesté et de fierté, marquant le dernier sursaut d'une étoile mourante qui nous gratifie d'un dernier levée de soleil réconfortant avant de s'étendre définitivement. Il ne nous reste plus qu'à contempler les ruines et les traces de la lutte de l'astre, seul dans l'immensité glacée à attendre notre fin, privée de toute lumière, dans un final calme et résigné.

Avec Star's End, David Bedford à respecter sa promesse, une musique très expressive, qui nous transporte dans l'espace glacial et nous permet d'assister à la mort d'une étoile. Tout un programme, qui s'il n'inspire pas la joie de vivre, nous propose de belles mélodies et de beaux moments contemplatifs. Si ce Star's End ne s'offre pas à la première écoute, et peut même s’avérer éprouvant pour ceux qui ont l'habitude de musique plus entrainante et joyeuse, il apportera beaucoup de plaisir aux autres qui feront l'effort de s'y immerger complétement.


Tracklist :

Face A : Star's End - 23'18"
Face B : Star's End - 22'26"

Musiciens :

David Bedford - Compositeur
Mike Oldfield - Guitares
Chris Cutler - Percussions
Orchestre Royal Philharmonique

vendredi 14 novembre 2014

Kiasmos - Kiasmos (2014) Techno/Ambiant

Je vous ai déjà parlé du projet Kiasmos dans un billet précédent, il est temps dans dire un plus sur leur premier album éponyme. Petite piqure de rappel, Kiasmos est le projet de deux hommes : Ólafur Arnalds (Islande) et Janus Rasmussen (Iles Féroé), soutenu par le label Erased Tapes, dénicheur de talents. Les deux musiciens sont connus pour avoir déjà touché à l’électro, le premier en le mêlant à des sonorités plus classiques et acoustiques, et le second ayant une fibre plus pop.


L'album nous ai vendu comme un album de techno. Sans rentrer dans les détails du style et dans une classification alambiquée, on y retrouve effectivement une rythmique très présente, très lourde et grave propre au genre, qui donne un côté répétitif qui n'est pas sans rappeler des œuvres minimalistes.
Mais l'album se construit autour de la dualité entre cette rythmique très marquée et des mélodies légères, aériennes qui tissent une ambiance atmosphérique ; le curseur se déplaçant d'un pôle à l'autre pendant toute la durée de l’œuvre. Le propos reste toujours simple, des mélodies accrocheuses, des atmosphères enveloppantes et envoutantes, des rythmes puissants et répétitifs, comme sur Looper construit autour d'un air de piano minimaliste sur lequel se greffe des percussions entrainantes qui se développent et gagnent en intensité. On retrouve cette progression également à l’échelle de l'album, où les vapes mélodiques se font plus insistantes, plus envahissantes, et enrichissent l'album, le chargent en émotion. L'instrumentation plus classique gagne du terrain, le piano d'Ólafur, évidemment, où les violons mélancoliques dans le final de Throw. Ce changement de cap atteint son apogée sur les trois dernier morceaux, le mélancolique Dragged, le plus sombre et agressif Bent, et le planant Burnt, somptueux final, climax émotionnel.

Kiasmos n'a pas inventé un genre, cette ambivalence entre ambiant et rythme existait déjà, et a connu son âge d'or au début des années 90 (The Orb, Aphex Twin, Autechre et autres sommités de l'ambiant house et de l'IDM), mais il lui apporte sa propre sensibilité, sa mélancolie, pour un résultat très réussi.


 Track List :

1. Lit
2. Held
3. Looped
4. Swayed
5. Thrown
6. Dragged
7. Bent
8. Burnt

Musiciens :

Ólafur Arnalds 
Janus Rasmussen



[News] Réedition du "Cactus Choir" de Dave Greenslade en CD

Sorti en 1976, en vinyle évidemment, l'album Cactus Choir de Dave Greenslade bénéficie enfin d'une version CD, disponible depuis le 27 octobre de cette année.
Il contient une chanson bonus, le thème de la série britannique Gangsters composé par Dave Greenslade et interprété par Chris Farlowe.
Disponible en import depuis l’Allemagne sur internet pour 12 €.
Album chaudement recommandé par votre serviteur, confère la critique juste en dessous.
Dave Greenslade - Cactus Choir

Dave Greenslade - Cactus Choir (1976) Rock Progressif



Cactus Choir est le premier album "solo" du compositeur et claviériste Dave Greenslade et marque la fin provisoire de son précédent groupe sobrement appelé Greenslade (je vous rassure, il a fait preuve de plus de créativité pour sa musique) pour des problèmes de management. Viennent se greffer à Dave Greenslade et Tony Reeves, rescapés de la précédente formation, de nombreux musiciens comme Mick Grabham (Procol Harum), Simon Phillips (Toto essentiellement, mais aussi, Camel, Mike Oldfield, Asia...), Steve Gould (Rare Bird)...

Cactus Choir est sorti en 1976, à une époque où le Rock Progressif est plutôt en fin de vie, les plus grands succès de Pink Floyd, Yes, King Crimson, Mike Oldfield... sont derrière eux, tout du moins dans le domaine de la musique progressive, certains rebondiront ailleurs. Dans ce contexte, difficile pour ce Cactus Choir de se faire une place au soleil, d'autant qu'il ne révolutionne en rien le genre. Cet album tombé dans un relatif anonymat aura du attendre cet automne pour une réédition en CD.

Il n'est pourtant pas à délaisser. Centré autour d'un claviériste, on pouvait craindre une profusion de synthétiseurs au son vieilli et des envolés ultra-techniques. Bien entendu nous avons le droit au Piano, Mellotron, Orgue Hammond, Synthétiseur ARP et autres claviers, mais Dave Greenslade prend le temps de poser ses notes sans surenchère pour tisser des mélodies émouvantes, comme dans le sublime Forever and Ever qui clôture la face A et superpose de nombreux claviers aux sonorités différentes, et n’hésite pas à se mettre en second plan pour laisser la vedette à la voix ou à la guitare.

Seul les introductions des deux faces peuvent sembler un peu vieillottes, mais après ces courts passages, l'ensemble sonne très mélodique, parfois triste, parfois très enjoué (on se surprend à se trémousser sur l'entrainant Dance Country). La diversité des instruments joués, le grand nombre d'intervenants, les variations de tons et de rythmes entre les chansons interdisent tout ennui, et offrent écoute après écoute un même plaisir, et le sentiment d'entendre une œuvre complète. Les enchainements soignés et la ligne mélodique claire qui nous mène jusqu'au Finale, condensé du reste de l'album, aux ambiances variées qui multiplie les contre pied, rend cet album concept autour de la colonisation de l'ouest américain cohérent.

Cactus Choir oscille entre ses influences, avec la volonté de produire un grand album ambitieux de Rock Progessif, en développant un concept fort, comme a pu le faire ELP, et une volonté de rester accessible et mélodique, comme Mike Oldfield, Vangelis et autres Camel. Ce manque de positionnement fort n'a pas nuit à la qualité de l'album, qui au contraire mélange les qualités. Résolument progressif, résolument mélodique. Un bijou !


Face A

1. Pedro's Party (3:37)
2. Gettysberg (3:57)
3. Swings and Roundabouts (4:20)
4. Time Takes my Time (6:50)
5. Forever and Ever (3:38) 

Face B

6. Cactus Choir (6:14)
a) The Rider (2:52)
b) Greeley and the rest (2:00)
c) March at Sunset (1:22)
7. Country Dance (5:30)
8. Finale (8:36)

Musiciens :
Dave Greenslade — Claviers (1-8), Voix (4)
Tony Reeves — Basse (1, 2, 6, 8)
Simon Phillips — Batterie, Percussions
Steve Gould — Voix (2, 6)
Dave Markee — Basse (3, 4)
John Perry — Basse (7)
Mick Grabham — Guitare (4)
Lissa Gray — Voix (4)
Bill Jackman — Flûte basse, Clarinette basse (8)

vendredi 7 novembre 2014

Musiques Islandaises

 Ah, l'Islande - terre de contrastes où la rudesse de la nature n'a d'égale que sa beauté - a été de tout temps une source d'inspiration pour les artistes.
La littérature très riche en est un parfait exemple, avec les sagas (courants littéraires Islandais du XII et XIIème siècles), retraçant la vie des premiers habitants de l'île (Sagas des Islandais), des rois norvégiens (Sagas royales)... Des textes teintés d'ironie mordante, ne se perdant pas dans des descriptions interminables, ne se centrant que sur l'histoire et ses personnages. Postérieur à ce courant, on peut citer la poésie scaldique et ses règles de construction opaque pour le profane (comme moi). L'Edda poétique et l'Edda en prose sont quant à eux les principales sources de connaissance sur la mythologie nordique, bien que rédigé après la conversion au christianisme de l'Islande.
Les immenses glaciers, les cascades majestueuses, les déserts de lave, les fjords étroits, les lacs glaciaires, les volcans multicolores... Il n'y a rien d'étonnant que de tels paysages inspirent l'artiste, notamment le musicien. Ayant eu l'occasion de visiter ce pays, c'est tout naturellement que j'ai voulu me renseigner sur les groupes locaux, ma culture se limitant jusque-là à Björk.
Force est de constater qu'il existe toute une frange de musiciens proposant une musique innovante, créative et n’hésitant pas à mélanger des univers musicaux pour servir leurs compositions.
Je vais vous parler de trois artistes islandais qui m'ont particulièrement touché. Il ne s'agit donc évidemment pas d'une liste exhaustive, la musique Islandaise étant bien plus riche que ce que cet article peut présenter.

Bardi Johannsson

Né en 1975, Bardi est un artiste (Islandais, donc...) multi facettes, participant à de nombreux projets musicaux dans des genres très diversifiés. On lui doit la sublime BO d'Haxan - film suédois, ayant posé en 1922 les jalons de l'imagerie occulte au cinéma - pour sa version remastérisée de 2006. Une œuvre orchestral d'une grande beauté, et d'une grande simplicité teintée de mélancolie et de noirceur. Plus récemment il a composé la musique du dernier film de Nils Tavernier, "de toutes nos force".



Il a aussi co-fondé avec Henrik Björnsson (qui est parti avant même le premier album fonder son propre groupe de Shoegaze Singapore Sling) le projet Bang Gang. Ce groupe s'avère finalement plus un projet solo centré autour de Bardi qui s'accompagne de musiciens ou vocalistes itinérants, état de fait parfaitement illustré par son clip Find What You Get



Il s'est notamment entouré de Keren Ann ou Anthony Gonzales (M83). A ce jour, il a sorti 3 albums : You en 1998, Something Wrong en 2003 et Ghosts from the past en 2008. Si les deux derniers proposent une pop ciselée aux légers accents electro, sans grande originalité mais néanmoins très agréable, le premier album se rattache au mouvement trip hop et s'avère extrêmement plaisant.


Il a également formé le groupe Lady & Bird avec Keren Ann pour sortir un album éponyme en 2003. Plus récemment il s'est allié à Jean-Benoit Dunckel (du duo Air) pour former Starwalker. Un Ep est déjà sorti et on attend avec impatience leur premier album. 
Et ce n'est qu'un très rapide aperçu de la carrière du monsieur. N'hésiter pas à feuilleter les liens en fin d'article pour en découvrir plus.

Olafur Arnalds

Plus jeune que Bardi, Olafur a pourtant un CV déjà impressionnant. Les français (dont moi) ont pu le découvrir grâce à l'excellente mini série Broadchurch dont il est le compositeur. Une BO mêlant les instrumentations classiques, l’électro et la pop. Le thème principal est une pépite, proposant une progression vers un final imparable, qui nous submerge d'émotions.
 

Sa musique en solo est très aérienne, très épurée, mélancolique mais toujours teintée d'une note d'espoir, entre ambiant et pop, entre instrumentations acoustiques et classiques et sonorités plus modernes.


Là encore il est très difficile de coller une étiquette à cet multi instrumentiste, qui a pu s'exprimer en tant que batteur dans un groupe de Metal, reconnu pour ses improvisations au piano, et plus récemment en ayant co-fondé un groupe de techno ambiant, Kiasmos, avec Janus Rassmussen des îles Féroé voisines. Leur premier album vient tout juste de sortir et s'avère en premières écoutes très agréable et prenant.



Sigur Ros

J'ai hésité à intégrer Sigur Ros dans cet article, ce blog ayant plus vocation à faire découvrir de la musique que de louer des groupes d'une renommé internationale (renommé acquise en partie grâce à leur tournée au début des années 2000 en première partie de Radiohead, où ils ont pu démontrer tout leur talent). Mais ce groupe représente si bien ce que je ressens en évoquant l'Islande que je ne pouvais passer à côté. Sigur Ros c'est la musique dépourvue de tout artifice au service de l'émotion. C'est du post-rock planant, porté par la musique de fausset de Jónsi et le jeu de guitare à l'archet.
La recette est souvent la même, des mélodies sublimes amenées sur un plateau par des compositions tout en progression jusqu'au climax qui nous transporte dans leur univers. Cela pourrait entrainer une certaine lassitude, mais les albums sont également construits pour rompre cette monotonie, créant des passages lents et reposants entrecoupés de montées en dramaturgie. L'album ( ), le plus réussi à mon gout, l'illustre, composé de mélodies simples et accrocheuses, nous berçant sans accroc jusqu'au deux derniers morceaux, où la tension et l'intensité augmentent soudainement jusqu'au final sublime.


Chaque album ré-interprète la musique de Sigur Ros, tantôt facile et agréable, tantôt noire ou mélancolique, mais toujours belle. Mais la patte Sigur Ros y est toujours inscrite, et le style reconnaissable immédiatement. Sigur Ros fait du Sigur Ros sur chaque album et le fait bien.
L'album Takk est sans doute la meilleure voie d'accès pour découvrir ce groupe, de par son indéniable qualité, l'un des plus beau qu'il m'ait été donné d'entendre, et par sa plus grande diversité, son rythme plus changeant.


Vous pouvez aussi les découvrir à partir de leur série de vidéos tournées pour Valtari qui associe à la musique des visuels variés.


Ce sera tout pour aujourd'hui (jusqu'à quand...).
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Quelques liens :
Bardi Johannsson :
Olafur Arnalds :
Sigur Ros :