Après ce petit âge d'or, la New Age a continué son expansion avec plus ou moins de bonheur, puis de nouveaux genres sont apparus, Dance, Trance, Acid House... Mais c'est dans les années 90 qu'a émerger un nouveau courant à qui va mon admiration, et c'est à travers le Metal que j'ai fait sa connaissance. Nous reprenons donc notre histoire avec Ulver.
Ulver est un groupe Norvégien de Black Metal, tout du moins à leur début. Alors que je commençais à me lasser du genre et de ses productions atroces - essayez d'écouter Nattens Madrigal
en entier, les oreilles saignent, dommage la musique quant à elle est
excellente - seul quelques groupes aux ambiances particulièrement léchées
me plaisaient encore (Ulver, Secrets of The Moon, Dornenreich, Bathory...). J'avais entendu dire qu'Ulver avait abandonné le Metal pour l'Electro. J'ai donc écouté Perdition City,
leur second album depuis leur ré-orientation musicale, par curiosité.
Ça reste à ce jour l'une de mes plus grandes révélations. Une musique
très mélodique, excellemment produite et audible (alléluia), à
l'ambiance sombre et presque désespérée.
L'album s'ouvre sur Lost In Moments et ses grosses rythmiques qui m'ont fait tiquer, puis le tout s’apaise, le saxophone arrive et me voilà sous le charme.
Ulver - Lost In Moments (Perdition City) 2000
La suite de l'album est tout aussi excellente avec Hallways of Always (Live) ou Porn Piece or The Scars of Cold Kisses...
Je n'avais jamais entendu ça et pourtant j'avais l'impression d'écouter
une musique faite pour moi. Tout logiquement, je me suis intéressé au reste de
leur discographie, extrêmement variée. Outre ce froid et urbain Perdition city, on retrouve :
Le planant et chaleureux Shadow of the Sun : Eos
Le violent Blood Inside : Operator
Le malsain Teachings in Silence : Silence teaches you how to sing (Utilisé dans le film d'horreur Sinister) Ne cliquez pas si vous n'aimez pas ça...
Le presque pop-rock Wars of The Roses : February MMX
L'orchestral Messe I.X-VI.X : Shri Scheinder
Lorsque
j'ai découvert ce groupe, les deux derniers albums n'étaient pas encore
sortis (Messe I.X-VI.X est un bijou), et c'est à Perdition City qu'allait ma nette préférence. En me renseignant ça et là, j'ai compris qu'Ulver s'était fortement inspiré de deux groupes pour le composer, Coil d'un côté, notamment son Musick To Play in The Dark dont il reprenait le principe (à écouter aux casques la nuit sans lumière) et Future Sound Of London de l'autre, avec leur album Dead Cities qui dégage cette même ambiance d'urbanisme froid et poisseux.
De Coil, j'ai découvert ça :
Coil - The Five Minutes after Violend Death + Golden Section (Horse Rotorvator) 1986
Là encore ne regardez pas si vous n'aimez pas les films d'horreurs. Ce fut une révélation peut être encore plus importante que Perdition City, me faisant réaliser que le Black Metal n'était pas le seul genre permettant de dégager des ambiances occultes, pire, qu'il n'était même pas le genre le plus adapté, Coil le faisant beaucoup mieux. En 1986 en prime, à l'époque où le Black Metal venait tout juste d'être inventé par Quorthon et son groupe Bathory, et qu'il ne s'était pas encore extrémisé.
Mais on doit à Coil l'album Musick To Play in The Dark dont j'ai déjà parlé ici Un Chef d'oeuvre dont on ressort bouleversé.
Coil - Musick To Play in the Dark - 1999
Pour Future Sound Of London, c'est nettement moins obscure, mais j'en ai déjà parlé dans un Clips du Vendredi spécial. Un morceau récent tout de même pour la route :
Future Sound Of London - Point Of Departure (Environments 5) 2014
Future Sound Of London est l'un des piliers de l'IDM,
un genre de musique électronique qui joue sur l'ambiance et sur la
volonté de sortir de la musique abrutissante qui ne se base que sur la
rythmique qui florissait dans les années 70. D'où le nom du genre
(Intelligent Dance Music).
Outre
Future Sound Of London, il existe un certains nombre de groupes
fondateurs qui au milieu des années 90 ont donné ses titres de noblesse au genre.
Boards of Canada en tête, dont j'ai déjà parlé également ici.
Ils ont fait un retour remarqué (plus que Future Sound Of London bizarrement sortit des radars) en 2013 avec Tomorrow's Harvest, petite merveille d'ambiance ouatée. Sans doute leur œuvre la plus accessible.
Boards of Canada - Reach for the Dead (Tomorrow's Harvest) 2013
Gyroscope Que l'on retrouve là encore dans le film Sinister.
Mais c'est avec l'album Music Has the Right to Children qu'ils se sont fait connaitre :
Boards of Canada - Turquoise Hexagon Sun (Music Has the Right to Children) 1998
Autre monstre sacré du genre Seefeel, rendu culte en 1993 avec son Quique
Seefeel - Polyfusion (Quique) 1993
Comme
tout les groupes du genres, ils ont connu un passage à vide à la fin
des années 90 et c'est en 2011 qu'ils nous reviennent avec un album
intelligemment appelé... Seefeel. Un très bon album, en espérant une suite rapidement.
Mais
l'artiste sans doute le plus connu de ce renouveau musical est sans
conteste Aphex Twin qui là encore pour un retour s'est payé le luxe de
faire voler un dirigeable marqué du logo du groupe dans le ciel londonien. Aphex Twin est aussi connu pour sa musique novatrice,
assemblage de bruitage dans lequel se dégage de vraies mélodies et
ambiances parfois entrainantes, parfois malsaines que pour ses clips
déjantés et dérangeants. Petit florilège :
Aphex Twin - Come To Daddy - 1999
Aphex Twin - Window Licker - 2005
Aphex Twin - Rubber Johhny - 2005
Mais c'est ses premières compositions que je préfère, réunies sur la compil' Selected Ambient Works 85-92, qui au titre vous donne une idée assez précise du genre pratiqué.
Je ne peux pas parler de cet âge d'or de la musique électronique sans évoquer The Orb, LFO, Autechre ou encore Amon Tobin, petit poucet de la bande (premier album sortit en 1996).
Il est d'ailleurs assez "amusant" de constater l’émergence rapide de cette scène en regardant la date de sortie de leur premier album.
1990 : LFO
1991 : The Orb
1992 : Future Sound Of London, Aphex Twin, Boards of Canada
1993 : Autechre, Seefeel
Il est aussi à noter que pour beaucoup de ces groupes (Boards of Canada et Aphex Twin mis à part), ils connaitront le succès et la reconnaissance avec leurs premiers albums avant de plus ou moins décliner à l'approche de l'an 2000.
Ainsi, LFO sort en 1991, Frequencies, pièce fondatrice, prenant de bout en bout et qui se bonifie à chaque écoute. Sans doute le moins ambiant de la bande, mais particulièrement entrainant, il est tout indiqué pour se mettre un petit coup de fouet avant d'aller travailler.
LFO - Nurture (Frequencies) 1991
The Orb, qui s'est fait connaitre dès 1990 avec leur tube Little Fluffy Clouds a surtout sortit en 1992 U.F.Orb, leur 3ème album qui a grimpé à la première place des charts au Royaume Uni et qui est excellentissime. A noter également leur collaboration avec David Gilmour (Guitariste de Pink Floyd, je précise juste au cas ou...) sur Metallic Spheres en 2010. Le résultat est très facile d'écoute (Easy listening), très mélodique sans aspérité, presque trop lisse facilement.
The Orb - O.O.B.E (U.F.Orb) - 1992
The Orb - Little Fluffy Clouds - 1990
Autechre a également connu son heure de gloire, un peu plus tard, en 1995 avec Tri Repetae, leur meilleur album à ce jour. Une musique déstructurée, bruitiste, complexe mais qui n'en reste pas moins chaleureuse, surtout à leur début moins abstrait que leurs dernières productions.
Autechre - Dael (Tri Repetae) 1995
Enfin Amon Tobin arrivé après la bataille, et fortement inspiré par ses ainés, a mélangé à sa musique d'autres influences (Drum 'n' bass, Jazz, Breakbeat)
Amon Tobin - At the End of the Day (Foley Room) 2007
Me rendant bien compte que j'ai un peu abusé des extraits, voilà une liste des albums cultes à posséder chez soi (c'est arbitraire, mais je fais bien ce que je veux ici...) histoire d'y voir plus clair.
1991 - LFO - Frequencies
1992 - The Orb - U.F.Orb
1992 - Aphex Twin - Selected Ambient Works 85-92
1993 - Seefeel - Quique
1994 - Future Sound Of London - Lifeforms
1995 - Autechre - Tri Repetae
1996 - Future Sound Of London - Dead Cities
1998 - Boards of Canada - Music Has the Right to Children
Tous ses albums sont plus ou moins rattachés à l'IDM et à cette nouvelle vague des années 90. Pour les deux derniers, on quitte ce genre ainsi que cette époque, Ulver étant le connecteur logique par son hommage à Future Sound of London et Coil.
1999 - Coil - Musick To Play In The Dark (Electro expérimental)*
2000 - Ulver - Perdition City (Electro/Indus)
* Il vous faudra débourser pas moins de 100 € pour vous le procurer.
Dernière partie à venir, on s’intéressera a ce qui se fait dans nos contrées, et non, je ne parlerais toujours pas de Daft Punk...