Suite et fin de notre découverte de l'école de Canterbury.
Si vous n'avez pas lu le premier épisode, c'est par ici que ça se passe !
II - Caravan
Si Soft Machine et les groupes qui en découlent étaient très éloignés du rock progressif, mélangeant les éléments jazz, psychédélique, parfois space rock à un esprit proche du dadaisme, Caravan lui s'en rapproche beaucoup plus et fait figure, si ce n'est de pionnier, au moins d'un des piliers les plus influents du genre. Mais là où des groupes comme Yes, Jethro Tull ou ELP se perdront parfois dans une trop grande complexité, Caravan propose un mélange subtile entre expérimentation, technicité et sens mélodique prononcé.
Fondé en 1968, à peu près à la même période que la plupart des autres monstres sacrés du genre : Jethro Tull (67), Genesis (67), Yes (68), King Crimson (69)... Ils sortent dès leur première année un album éponyme, plus pop rock que prog'. Il faudra attendre 1970 (l'après In The Court of Crimson King) et If I Could Do It All Over Again, I'd Do It All Over You pour que le propos se fasse plus ambitieux, tout en gardant cette mélodie limpide qui sera la marque de fabrique du groupe. Une vraie réussite, qui connaitra un succès d'estime et commercial (bien que toujours dans l'ombre des immenses succès de Jethro Tull, King Crimson, Yes). Avec In the Land of Grey and Pink sortit l'année suivante, Caravan assoira sa notoriété et son influence, sans doute leurs deux albums les plus réussis. Par la suite, le groupe connaitre une activité sporadique, avec beaucoup de changement de line-up, et ceux jusqu'à aujourd'hui, le dernier album Paradise Filter étant sortit l'an dernier (2013).
Là encore, Caravan aura une descendance spirituelle, avec des groupes qui perpétueront cet esprit de Rock Progressif limpide et mélodique, mais également filiale, avec des transferts de musiciens. Ainsi, des membres fondateurs, Pye Hastings, Richard et David Sinclair et Richard Couglhan, rencontré lors du fameux projet Wilde Flowers, beaucoup iront prêter main forte à des groupes en devenir, ou fonder leurs propres projets.
Le plus important d'entre eux, et mon chouchou, je dois le reconnaitre, Camel avec un rock progressif de grande classe, poussant encore plus loin la recherche de la mélodie, oubliant parfois le chant (leur point faible) pour s'étendre dans des vapes instrumentales, frisant l'ambiant, de toutes beautés. L'album Snow Goose reste une référence du genre, tandis que Mirage proposait un Rock Progressif plus technique. Tout comme Caravan, et sans doute porté par des mélodies qui vieillissent moins que la surenchère technique, le groupe a survécu aux décennies, proposant régulièrement des albums très beau, jusqu'à cette dernière tournée en 2013, avec la réinterprétation live de Snow Goose, un moment mémorable. Avant tout fils spirituel de Caravan, la filiation s'accentuera avec l'arrivée de Richard et David Sinclair.
Hatfield and the North est l'exemple type de ces formations issus de l'école de Canterbury, vu qu'il contient en son sein Pip Pyle (Gong), Richard Sinclair (Caravan, Camel) Phil Miller (Matching Mole) et Steve Miller (Caravan). Robert Wyatt (Soft Machine, Matching Mole, Kevin Ayers...) y passera une tête, ainsi que Dave Stewart (Egg, autres groupes de cette école, que je n’ai malheureusement pas le temps de traiter). Vous me suivez encore ? Si Camel avait poussé le curseur vers la mélodie, Hatfield lui insiste plus sur la part Jazz et Expérimentale de son ainé et fait un pont appréciable entre les deux piliers de l'école de Canterbury, Soft Machine et Caravan.
Je pourrais citer bien d'autres groupes : Caravan of Dreams, Khan, Egg, Nucleus... Mais j'en resterais là pour aujourd'hui. Peut être un épisode 3...