dimanche 7 décembre 2014

[Rétrospective] Bang Gang

Retour sur la carrière hautement qualitative de Bang Gang, projet auto-centré autour du talentueux Barði Jóhannsson, dont j'avais déjà évoqué rapidement la carrière ici. De 1998 à 2014, Bang Gang n'a sorti que 3 albums, mais ce n'est pas forcement, à l'image d'un Laurent Voulzy (oui j'ose la comparaison...), parce que Barði prend son temps pour peaufiner à l'extrême sa musique, mais de nombreux autres projets l’accaparent (Lady & Bird, Starwalker, de nombreuses de BO de film et séries...). Si bien qu'au fil des années, Bang Gang apparait presque comme l'un de ses projets secondaires.

You - Trip Hop - 1998


 Premier effort du jeune Barði Jóhannsson, qui en est au début de sa carrière musicale, que ce soit au sein de Bang Gang, ou de ses autres projets qui ne seront possibles qu'en partie grâce à la notoriété que ce premier album lui apportera. Contrairement à la suite de sa carrière, il n'est pas difficile de cerner les contours de cette musique, du Trip Hop spontané, très bien produit, porté par le duo Barði/Esther Talia Casey à la voix qui marche à merveille. Les chansons sont tantôt très rythmés, accrocheuse, tantôt plus aérienne et sombre, où les deux à la fois, comme So Alone, petit bijou irrésistible. La première moitié de l'album frise la perfection, jusqu'à Sleep, mais le manque de renouvellement de la musique peut créer une petite lassitude sur la seconde moitié, bien qu'elle aussi très qualitative. Un album qui sans révolutionner le genre, montre déjà les très fortes prédispositions de Barði à composer de puissante mélodie.

Something Wrong - Pop électro-accoustico-symphonique... - 2003


Il faudra attendre cinq ans de plus pour la sortie de l'opus suivant, qui propose un changement radical de son. Barði Jóhannsson abandonne le Trip Hop et ambitieux, souhaite inclure tout son univers musical en un album. Les sonorités électriques laissent parfois place à une instrumentation acoustique, où à des plages orchestrales, comme le magnifique thème de There was a whisper, qui sera repris dans sa BO d'Haxan  Le tout drapé dans une atmosphère doucement mélancolique. On tutoie les étoiles sur la somptueuse chanson d'ouverture Inside qui côtoie des chansons plus fades comme Follow ou la niaise Stop in the name of Love. On retrouve le tube Find What You Get, ultra-efficace mais qui dénote avec le reste de l'album et qui aurait bien plus sa place sur Ghost form the past. Ou encore la chanson titre, qui elle se rapproche plus de l'esprit du premier album. Bref, un album fourre-tout, bourré de bonnes idées, mais dont l'incohérence et la qualité inégale déçoivent un peu.

Ghost from the past - Pop Rock - 2008


Ce dernier album, à l'heure où j'écris ces lignes, peut être décomposé en deux parties. La première, propose un pop rock simple, mélodique et accessible, qui s'il ne brille pas par son originalité ni sa profondeur, aura le mérite de ne fâcher personne. Mais le disque prend de l'ampleur à partir du 5ème morceau totalement instrumental, Lost in Wonderland, énergique et planante à la fois, qui marque l'entrée dans la seconde moitié de l'album, plus sombre, plus violente parfois, mélancolique également. Le morceau Ghost From the Past est un petit bijou, et l'album s'achève presque (il restera un dernier court et planant morceau de conclusion) par You Won't Get Out, dont l'instrumentation et sa construction tout en progression, où la guitare électrique prend une part de plus en plus importante, n'aurait pas dénoté dans un album de Sigur Rós. Si le changement d'orientation musical amorcé avec le précédent opus avait été parfois maladroit, sur ce troisième effort, Barði Jóhannsson fait preuve d'une bien plus grande maitrise et nous offre une pop minimaliste (guitare-piano-voix) émouvante et magnifique. Le meilleur (pour le moment) de sa discographie.