vendredi 21 novembre 2014

David Bedford - Star's End (1974) Musique Orchestrale et Psychédélique


Si David Bedford est connu pour ses collaborations avec des musiciens rock comme Kevin Ayers ou Mike Oldfield, ce dernier jouant dans l'album présenté ici, ce Star's End n'a rien d'un album Rock accompagné d'un orchestre, comme les Queen, Scorpions et autres Metallica ont pu réaliser. On est à la croisée des chemins entre le psychédélisme de la fin des années 60 et la suite des Planètes de Gustav Holst.


L'album s'ouvre sur une introduction tout en dissonance, psychédélique, légèrement angoissante. Le ton est donné. La première face prend le temps de se construire, de faire apparaitre au fur et à mesure ses instruments qui s’additionnent autour d'une structure répétitive où les cuivres omniprésents poussent des plaintes lancinantes et provoquent un certain malaise à l'écoute, le tout rythmé par quelques montées en puissance sous acide. A l'écoute, on ne peut s'empêcher d'avoir les images de 2001, l'Odyssée de l'espace en tête. On ressent cette même sensation d’étouffement et de vertige à la fois devant l'immensité de l'univers, et cette solitude devant l'obscurité cosmique. La musique s'avère assez simple dans sa construction, une introduction, une plage centrale planante qui progresse vers un final soutenu par la guitare cristalline de Mike Oldfield, qui bien qu'agréable, n'apporte pas grand chose à la richesse et l'expressivité des différentes instruments de l'orchestre.

Le seconde face prend un parti légèrement différent et s'avère d'une plus grande profondeur. L'atmosphère reste angoissante, mais le rythme s’accélère, les harmonies laissent place à un désordre apparents, et le compositeur, ou l'auditeur, selon votre optimiste semble plongé dans la folie, comme si le choc du voyage dans l'espace, de l’oppressante solitude lui avait fait perdre la raison. Le calme revient alors, et apaisée, la musique se fait plus douce, susurrante parfois, avec quelques réveils, légers éclats, avant de retomber dans une sorte de léthargie. Et c'est lorsque l'on se le croit à l’abri, que la frénésie des cuivres et des cordes reprend soudainement pour une dernière montée d’adrénaline avant de s'étendre aussi vite. Les instruments semblent alors agoniser dans un quasi silence trompeur avant de venir triompher dans une mélodie superbe pleine de majesté et de fierté, marquant le dernier sursaut d'une étoile mourante qui nous gratifie d'un dernier levée de soleil réconfortant avant de s'étendre définitivement. Il ne nous reste plus qu'à contempler les ruines et les traces de la lutte de l'astre, seul dans l'immensité glacée à attendre notre fin, privée de toute lumière, dans un final calme et résigné.

Avec Star's End, David Bedford à respecter sa promesse, une musique très expressive, qui nous transporte dans l'espace glacial et nous permet d'assister à la mort d'une étoile. Tout un programme, qui s'il n'inspire pas la joie de vivre, nous propose de belles mélodies et de beaux moments contemplatifs. Si ce Star's End ne s'offre pas à la première écoute, et peut même s’avérer éprouvant pour ceux qui ont l'habitude de musique plus entrainante et joyeuse, il apportera beaucoup de plaisir aux autres qui feront l'effort de s'y immerger complétement.


Tracklist :

Face A : Star's End - 23'18"
Face B : Star's End - 22'26"

Musiciens :

David Bedford - Compositeur
Mike Oldfield - Guitares
Chris Cutler - Percussions
Orchestre Royal Philharmonique