Je vous ai déjà parlé du projet Kiasmos dans un billet précédent, il est temps dans dire un plus sur leur premier album éponyme. Petite piqure de rappel, Kiasmos est le projet de deux hommes : Ólafur Arnalds (Islande) et Janus Rasmussen (Iles Féroé), soutenu par le label Erased Tapes, dénicheur de talents. Les deux musiciens sont connus pour avoir déjà touché à l’électro, le premier en le mêlant à des sonorités plus classiques et acoustiques, et le second ayant une fibre plus pop.
L'album nous ai vendu comme un album de techno. Sans rentrer dans les détails du style et dans une classification alambiquée, on y retrouve effectivement une rythmique très présente, très lourde et grave propre au genre, qui donne un côté répétitif qui n'est pas sans rappeler des œuvres minimalistes.
Mais l'album se construit autour de la dualité entre cette rythmique très marquée et des mélodies légères, aériennes qui tissent une ambiance atmosphérique ; le curseur se déplaçant d'un pôle à l'autre pendant toute la durée de l’œuvre. Le propos reste toujours simple, des mélodies accrocheuses, des atmosphères enveloppantes et envoutantes, des rythmes puissants et répétitifs, comme sur Looper construit autour d'un air de piano minimaliste sur lequel se greffe des percussions entrainantes qui se développent et gagnent en intensité. On retrouve cette progression également à l’échelle de l'album, où les vapes mélodiques se font plus insistantes, plus envahissantes, et enrichissent l'album, le chargent en émotion. L'instrumentation plus classique gagne du terrain, le piano d'Ólafur, évidemment, où les violons mélancoliques dans le final de Throw. Ce changement de cap atteint son apogée sur les trois dernier morceaux, le mélancolique Dragged, le plus sombre et agressif Bent, et le planant Burnt, somptueux final, climax émotionnel.
Kiasmos n'a pas inventé un genre, cette ambivalence entre ambiant et rythme existait déjà, et a connu son âge d'or au début des années 90 (The Orb, Aphex Twin, Autechre et autres sommités de l'ambiant house et de l'IDM), mais il lui apporte sa propre sensibilité, sa mélancolie, pour un résultat très réussi.
Track List :
1.
Lit
2.
Held
3.
Looped
4.
Swayed
5.
Thrown
6.
Dragged
7.
Bent
8.
Burnt
Musiciens :
Ólafur Arnalds
Janus Rasmussen
Musiciens :
Ólafur Arnalds
Janus Rasmussen