En 1990, Mike Oldfield du haut de ses 20 ans de carrière à déjà tout
connu, la reconnaissance de ses pairs, avec quelques unes de ses œuvres
les plus accomplies (Ommadawn, Incantation...) et le succès populaire
comme le culte Tubular Bells, ou les Pop, To France et Moonlight
Shadows. Mais aussi quelques bides...
Alors qu'il devait beaucoup à Richard Branson (Patron de Virgin), le
premier à avoir cru en lui, et que réciproquement, celui ci devait à
Mike Oldfield son premier succès, des tensions entre les deux hommes
commencèrent à poindre. Ainsi, R.Branson désirait la
composition d'un Tubular Bells II, ceux que refusait, avec raison, le
troubadour Anglais. De ce contexte difficile, naquît Amarok*, l’œuvre
la plus excitante de la musique moderne, pas moins.
Il va de soi (comme l'avenir ne le montrera pas...) que Mike Oldfield n'a aucunement cédé à la pression de son
patron, bien au contraire, il proposa l'album le moins commercial
possible. Ainsi le disque ne comporte qu'une unique chanson de 60
minutes et 2 secondes, et chaque thème n'y est jamais exploité plus de
deux minutes, le tout lié par des bruits pour le moins incongrue, comme
ce F*** Of R.B dissimulé en morse. La plaisanterie ne fut pas au goût de
Richard Branson, Mike Oldfield fut alors prier de prendre la porte
après la sortie de cet album, qui ne bénéficia d'ailleurs d'aucune
promotion.
Et pourtant... Le patron de Virgin n'a pas eu beaucoup de flair, car
dénigrer une œuvre si visionnaire, peu nuire quelque peu à son image
auprès des mélomanes. Vous l'aurez compris, ce n'est pas un album que
l'on écoute d'une oreille distraite. L'album d'une structure chaotique,
multiplie les thèmes et les airs, sans qu'il ne semble y avoir de fil
conducteur. Une cinquantaine d'instruments composent ce morceau ! La
brosse à dent et le verre d'eau côtoient ici la guitare électrique. On y
trouve quelques instruments exotiques, comme le Ukulele, le Kalimba, le
Timpani... Mike Oldfield s'occupe d'ailleurs de pratiquement tout ces
instruments, pas question de multiplier les musiciens de session, ou
d'utiliser des samples. Les ambiances tissés sont donc multiple, donnant
une couleur World Musique à l'ensemble, un peu à l'image d'Ommadawn. On
retrouve les rythmiques africaines en fil rouge dans le final, où des
airs celtiques, assuré par Paddy Moloney qui re-collabore à l'album,
pour notre plus grand plaisir. Mais la ressemblance s'arrête là, si
Ommadawn ne faisait que suggérer la folie, Amarok en est affecté jusque
dans sa structure.
Des bribes de Folk, ou de Country par ci, des ambiance New Age par là.
Pas mal d'Ambiant, du Blues, et de la World musique comme vue
précédemment, celtique, africaine, australienne, hispanique... L'album
est d'une diversité incroyable, ce qui en rebutera plus d'un. Mais au
fil des écoutes, l'auditeur voit sa récompense arrivée. D'abord se
dégage quelques mélodies sublimes, comme ce solo de guitare autour de la
sixième minute, dont l'air sera repris et déformé plusieurs fois dans
le morceau. Un lien entre chaque parties va commencer à se dégager, les
enchaînement sembleront plus naturel, subtile. On appréciera de plus en
plus l'intelligence sous-jacente à la construction de ce morceau. On
remarquera certains airs fil rouge, qui seront repris à plusieurs
reprises, sur lesquels se raccrocher, mais qui évolueront au cours de
l'oeuvre.
Et ce final, qui s'étale sur plus d'un quart d'heure, structuré autour
de ces rythmiques africaines si envoûtantes. Les dernières minutes
seront consacrées à un crescendo, où les choeurs s'élèvent jusqu'à
atteindre ces dernières notes de guitare limpides, d'une beauté
transcendante mais non dénouée d'un puissant impact. Un peu à l'image
d'un roman où d'un film, ce final, après une oeuvre si longue, nous
laisse dans une torpeur mélancolique, sensation que ne procure aucun
autre album.
Mike Oldfield signe donc avec cet Amarok son album le plus
expérimental, le plus difficile d'accès, mais surtout le plus fascinant.
Un chef d'oeuvre !
*Amarok est une divinité Inuit, l'esprit d'un loup géant. C'est
aussi un art martial asiatique. Enfin, l'album à donné le nom à un
logiciel de musique sous Linux. Vous pouvez d'ailleurs vous amuser à
écouter l'album sur ce logiciel, et y lire le petit message qui s'y
affiche.
Tracklist
1- Amarok
Membres
Mike Oldfield - Tout
+ Paddy Moloney
+ Janet Brown
Chronique tiré de mon ancien site : http://thedragonscave.free.fr/liste_chroniques_cd.php
+ Paddy Moloney
+ Janet Brown
Chronique tiré de mon ancien site : http://thedragonscave.free.fr/liste_chroniques_cd.php